
Les métiers de comportementaliste et d’éducateur canin sont devenus essentiels pour améliorer la relation entre les chiens et leurs compagnons humains. Ces professionnels interviennent pour comprendre, éduquer ou corriger les comportements canins tout en favorisant une cohabitation harmonieuse.
La qualité de vie des animaux, et en particulier des chiens, est de plus en plus valorisée dans nos sociétés et nous nous préoccupons davantage de leur bien-être. Il suffit de regarder le succès des vidéos de chatons sur les réseaux sociaux pour s’en convaincre.
La première loi de protection des animaux, la loi Grammont, date de 1850 et visait à protéger les chevaux de rue de la maltraitance. Depuis, plusieurs avancées ont été réalisées, aboutissant en 2014 à la reconnaissance des animaux comme des êtres doués de sensibilité.
Il faut tout de même noter que les animaux sont encore juridiquement considérés comme des « objets ». Il reste donc des progrès à accomplir dans ce domaine.
Les chiens vivent avec nous depuis la nuit des temps, mais nos modes de vie ont énormément changé, obligeant nos compagnons à quatre pattes à s’adapter au fil du temps. Quels sont les points communs entre le quotidien d’un chien vivant avec une tribu nomade et celui d’un chien vivant en appartement, souvent seul plusieurs heures par jour en attendant le retour de son gardien ? Il n’est donc pas étonnant que les conditions de vie que nous leur proposons puissent entraîner des troubles du comportement.
En parallèle des lois de protection animale se sont développés de nouveaux métiers allant du toilettage à la communication animale en passant par l’éducation et le comportementalisme. Ce sont précisément de ces deux derniers métiers que je souhaite parler aujourd’hui. Ils sont en effet devenus essentiels au bien-être animal, à condition d’être pratiqués avec bienveillance, tant envers les animaux qu’envers les humains qui les accompagnent.
Mais nous verrons que, bien qu’elles soient parfois complémentaires, ces deux professions présentent également de grandes différences et ne répondent pas aux mêmes besoins. Cet article devrait vous permettre d’y voir plus clair et de choisir le professionnel dont vous avez besoin.
Le comportementaliste canin
Son rôle
Le comportementaliste canin se consacre à l’étude des comportements du chien, en s’appuyant sur des principes scientifiques pour les comprendre, les prédire et les modifier. Il observe et analyse afin d’identifier les facteurs qui influencent ses comportements, comme la génétique, l’environnement, les interactions sociales et les processus d’apprentissage. Il propose des solutions afin de remédier aux troubles du comportement.
Bien souvent, ces causes sont du fait de l’humain ou de l’environnement dans lequel vit le chien.
Le comportementaliste est un spécialiste de la relation entre l’homme et l’animal. Sa compétence s’étend bien au-delà de la simple observation des animaux ; il possède des connaissances en psychologie humaine qui représente une grande partie de son travail. Contrairement à d’autres professionnels, le comportementaliste n’intervient pas directement auprès des animaux. Il guide et forme plutôt les gardiens d’animaux, leur offrant les clés pour mieux comprendre et interagir avec leur chien. Cette approche permet de résoudre des problèmes comportementaux en ajustant les attitudes et les attentes des humains, favorisant ainsi une cohabitation sereine et respectueuse.
Son domaine d’expertise
Ses domaines d’intervention sont très divers et incluent, sans s’y limiter :
- Troubles du comportement (agressivité, réactivité, protection de ressources, peur, anxiété, destructions, aboiements excessifs…),
- Formation des gardiens en les aidant à décrypter le langage corporel de leur compagnon et en leur expliquant les méthodes pour modifier les comportements problématiques,
- Préparation à l’adoption d’un chiot ou d’un chien venant de refuge,
- Conseils pour optimiser le lieu de vie,…
Méthodes utilisées
Le comportementaliste canin utilise différentes techniques pour modifier le comportement des chiens, dans le but de les aider à surmonter leurs difficultés et à améliorer leur bien-être général. Voici quelques-unes des approches les plus courantes :
- Le renforcement positif : Il s’agit d’une méthode douce et sans violence qui vise à encourager les comportements souhaités en motivant le chien. Cette approche repose sur l’association positive, généralement avec des friandises. Chaque fois que le chien répond correctement à une demande, il est récompensé, ce qui augmente la probabilité que le comportement se répète dans des situations similaires.
- La désensibilisation : elle consiste à exposer progressivement le chien à un stimulus qui provoque stress ou peur afin qu’il s’y habitue peu à peu. La désensibilisation est souvent utilisée pour aider les chiens ayant peur des bruits forts ou qui sont anxieux lors de rencontres avec des congénères.
- Le contre-conditionnement : il s’agit ici de remplacer un comportement non souhaité, comme l’agressivité ou la fuite, par une réponse positive en introduisant quelque chose d’agréable à côté du déclencheur problématique.
- Le clicker training est une méthode de renforcement positif dans laquelle le dresseur utilise un petit appareil émettant un clic distinct pour indiquer au chien qu’il a correctement exécuté la commande ou le comportement souhaité. Le clic est suivi d’une récompense, souvent alimentaire. Le clicker peut être remplacé par un mot, un claquement de langue…
Formation
Le domaine du comportement animal n’est pas réglementé et, malheureusement, n’importe qui peut se prétendre comportementaliste, quelle que soit sa formation, ses capacités ou son expérience. Il est important de rechercher des professionnels ayant la formation et l’expérience appropriées. Pensez aux personnes certifiées par une organisation respectée.
En pratique
Les séances se passent en plusieurs étapes :
- La première consiste en un bilan comportemental qui représente un « état des lieux » de la situation. Le comportementaliste, à l’instar d’un psychologue pour humains, recueille le plus d’informations possibles :
– Caractéristiques de l’animal,
– Son passé, s’il est connu,
– Son état de santé, pour être sûr, avant de travailler sur le comportement, qu’un vétérinaire a exclu tout problème médical,
– Son mode de vie actuel,
– L’environnement dans lequel il évolue,
– …
Il va observer aussi bien les relations entre l’animal et ses humains, ses congénères, mais aussi avec son environnement. Il étudie également ses réactions devant divers stimuli. Ces observations vont lui permettre d’établir un bilan comportemental et de proposer au gardien du chien des solutions par le biais d’un protocole d’adaptation. Ces solutions tiennent compte des attentes de l’humain mais aussi de ses contraintes et de ses limites.
Les solutions proposées peuvent être suffisantes et il n’y aura pas besoin de séances supplémentaires.
- Si le problème n’est pas réglé, le comportementaliste pourra proposer des séances de suivi régulières. Il suit les progrès du chien pour évaluer l’efficacité des interventions et ajuster le plan de traitement si nécessaire.
En fonction des résultats observés, des ajustements peuvent être faits pour affiner les techniques ou changer d’approche.
L’éducateur canin
Son rôle
Le rôle de l’éducateur canin est d’améliorer la communication entre le chien et son humain. Il est spécialisé dans l’enseignement de nouvelles compétences et comportements aux chiens et se concentre sur l’apprentissage et l’obéissance. A l’issue de cet entrainement, le chien doit répondre aux commandes dans différentes situations.
Certains éducateurs se spécialisent dans des domaines spécifiques, tels que l’agility, le dressage de chiens thérapeutiques ou le travail avec des races particulières.
Son objectif principal est d’aider les chiens et leurs humains à renforcer leur lien et à établir une communication claire et efficace.
Son domaine d’expertise
Les éducateurs canins se concentrent principalement sur l’enseignement de l’obéissance de base et l’acquisition de compétences pratiques pour les chiens. Il possède un vaste éventail de capacités qui lui permettent de se connecter avec les chiens et de comprendre leurs comportements et leurs émotions :
- Une solide compréhension du comportement, de la psychologie canine et du langage corporel des chiens.
- La capacité d’évaluer les besoins individuels, la personnalité et le tempérament de chaque chien.
- Une connaissance approfondie des différentes races de chiens, ainsi que de leurs caractéristiques et prédispositions spécifiques.
- La maîtrise de diverses méthodes et techniques de dressage permettant :
- D’enseigner aux chiens des commandes de base telles que « assis », « couché », « reste », « viens », et la marche en laisse.
- De travailler avec les gardiens pour renforcer leur relation avec leur chien et garantir l’utilisation de méthodes de formation cohérentes à la maison.
- De socialiser les chiots avec leur environnement, leurs congénères.
- D’éduquer les chiots à la propreté en leur apprenant à demander à sortir quand ils ont besoin.
- De réduire les comportements indésirables comme tirer en laisse, aboiements excessifs.
- D’adapter des formations spécifiques à chaque chien afin de les préparer à la recherche d’objets ou de personnes, ou encore à devenir des chiens guides pour personnes handicapées.
- De préparer aux concours : Entraîner les chiens pour des compétitions d’obéissance ou d’agility, en développant les compétences nécessaires pour ces épreuves.
Contrairement aux comportementalistes, les éducateurs canins ne traitent pas les troubles comportementaux complexes, comme l’anxiété, les phobies, ou l’agressivité, qui nécessitent une approche plus spécialisée.
Méthodes utilisées
La plupart des éducateurs canins adoptent des méthodes similaires à celles des comportementalistes, en mettant un accent particulier sur le bien-être de l’animal. Ces méthodes reposent sur la bienveillance et l’éducation positive.
Cependant, certains d’entre eux fondent leur approche éducative sur des concepts tels que la hiérarchie et la dominance, ce qui peut les amener à utiliser des méthodes coercitives et des punitions.
Cette vision archaïque qui dit que l’homme doit rester le « patron » et que le chien se doit d’obéir au doigt et à l’œil consiste à punir les « mauvais comportements » afin qu’ils ne se reproduisent pas. En plus des punitions verbales et physiques, ces éducateurs utilisent des outils coercitifs tels que les colliers étrangleurs, électriques ou avec des ultrasons. En plus d’être douloureux, ils provoquent chez le chien stress, peur et anxiété sans oublier le risque de blessure, la perte de confiance vis-à-vis des humains et l’apparition de troubles du comportement comme l’agressivité ou, à l’opposé, la résignation.
Or, depuis plusieurs décennies, ces notions sont remises en question par les scientifiques. Il a été démontré que les méthodes d’éducation positives, basées sur la confiance et la motivation du chien, sont plus efficaces. En revanche, les méthodes d’éducation négatives reposent sur la peur et la soumission.
Soyez donc vigilants lorsque vous choisirez votre professionnel.
Formation
Contrairement au métier de comportementaliste canin, l’éducateur canin a une obligation en matière de formation :
La formation ACACED, ou “Attestation de Connaissances pour les Animaux de Compagnie d’Espèces Domestiques” est réglementée par l’Etat. C’est un socle minimum pour travailler au contact des animaux domestiques.
Il existe également le Brevet Professionnel d’Educateur Canin dispensé également par l’Etat mais il n’est pas obligatoire.
En parallèle, de nombreuses « formations certifiantes » diverses et variées sont proposées par des organismes privés plus ou moins compétents, avec des durées et des tarifs très disparates. Ces certifications ne sont pas reconnues par l’Etat.
En pratique
En pratique, le métier d’éducateur canin implique une série d’activités variées et dynamiques axées sur l’enseignement et l’amélioration du comportement des chiens, ainsi que sur l’accompagnement des gardiens.
Les éducateurs canins utilisent différentes méthodes en fonction des besoins du chien et de leurs propres préférences. Ils interviennent généralement lors de cours collectifs, de séances privées, ou même de cours en ligne.
Lors de la première séance, l’éducateur rencontre le chien et son humain pour évaluer les besoins spécifiques, les comportements problématiques et les objectifs de formation. En fonction de cette évaluation, il conçoit un programme de formation personnalisé qui peut inclure des objectifs à court et à long terme.
Il peut proposer :
- Des cours collectifs où plusieurs chiens et leurs gardiens apprennent ensemble des compétences de base telles que les commandes d’obéissance et la marche en laisse.
- Des séances privées pour des problèmes plus spécifiques ou des besoins particuliers.
Lors des séances suivantes, l’éducateur évalue les progrès du chien et ajuste les programmes de formation en fonction des résultats observés. Il fournit des conseils et du soutien aux gardiens pour les aider à appliquer les techniques d’éducation à la maison et maintenir les acquis de la formation.
Conclusion
Il était important de bien comprendre les rôles spécifiques des comportementalistes et éducateurs canins.
Si vous rencontrez des problèmes d’ordre comportemental ou éducatif avec votre chien, il est essentiel de consulter un professionnel qualifié. Que vous optiez pour un comportementaliste canin pour des troubles complexes ou un éducateur canin pour des besoins d’obéissance et de socialisation, ces experts, animés par leur amour des chiens, sont dédiés à améliorer le bien-être de votre animal. Leur passion pour les chiens et leur expertise vous aideront à comprendre et à résoudre les comportements problématiques tout en renforçant votre relation avec votre compagnon. Ne laissez pas les difficultés persistantes affecter votre quotidien ; un accompagnement professionnel peut offrir des solutions adaptées et efficaces.
Vous savez à présent à quel professionnel vous adresser.